Les Myrtilles

Le nouveau roman d’Amélie Nothomb, pour la rentrée 2017, aura pour titre « Frappe-toi le coeur ».
En attendant, il y avait une nouvelle de Amélie Nothomb que je n’avais pas eu l’occasion de lire : « Les Myrtilles ». Une nouvelle présente dans « Le Japon d’Amélie Nothomb » qui regroupe plusieurs romans (et quand je le voyais en librairie, il était sous cellophane). Dimanche, dans le boutique du Musée Guimet, l’ouvrage n’était pas scellé…
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Discrètement, j’ai pris vite fait une photo des pages de la nouvelle (le « vite fait » explique la mauvaise qualité des images !) :
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Voilà, voilà…
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La femme d’à côté

Autour de l’exposition Truffaut, La Cinémathèque et Télérama ont organisé un concours dont le thème était « Lettre à la femme d’à côté » (3000 signes maximums).
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J’ai participé au concours mais on texte n’a pas été retenu. Il y avait des prix pour les trois premiers (lisibles ici). Voici ce que j’avais envoyé :
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Chère Femme d’à côté,
Je me rends compte que, pour participer à ce concours, je dois vous écrire avant ce soir minuit. Un peu comme lorsque le maître laisse un délai d’une semaine à l’écolier pour peaufiner sa rédaction et que l’enfant s’y met la veille, bien obligé.
Je n’ai pas envie d’inventer d’excuses ou de vous présenter une absence totale d’inspiration. Le problème, c’est que je ne vous ai pas revue depuis plusieurs années. Tout à l’heure, je m’installerai confortablement dans la salle Henri Langlois de la Cinémathèque Française et je pourrai alors vous admirer sur grand écran. Mais le métro étant d’une certaine lenteur, je rentrerai tard chez moi et je vois bien qu’il faut que je vous écrive avant.
J’affectionne connaître le moins d’éléments possibles d’un film au moment de le voir, ou même de le revoir car j’oublie beaucoup. Ainsi, je ne me rappelais plus que vos personnages principaux mourraient à la fin. Un court extrait dans une exposition, au cinquième étage du 51 Rue de Bercy, me l’a brutalement rappelé. Heureusement, je verrai vos protagonistes bien vivants pendant les cent et quelques minutes qui précéderont ce douloureux épilogue.
Pour ne rien vous cacher, je me réjouis d’avance de notre rendez-vous tarifé. Croyez bien que je compte en savourer chaque minute. Je sais que je vais aimer votre image, votre musique, votre rythme et vos audaces.
Je pourrai vous écrire une lettre deux fois plus longue, mais je vais faire court. Pour garder des secrets entre nous.
Je vous embrasse tendrement,
Votre dévoué spectateur.
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Une terrible beauté est née

Je vais profiter de ce blog pour faire apparaître différents textes que j’ai eu l’occasion d’écrire.
Donc voici la nouvelle intitulée « Une terrible beauté est née ». C’était un concours Télérama au moment de la Biennale de Lyon de 2011 (qui avait pour titre cette année là « Une terrible beauté est née »).
Outre ce titre imposé, il y avait également l’impératifs d' »écrire en français un récit, une fiction, devant faire exactement 2 011 signes ». Je n’ai pas eu l’honneur de faire partie des 10 gagnants, terribles résultats ! 😉
Voici mes 2011 signes, pas un de + ou de – :
2011 devait être un tournant dans la vie d’Amandine Bajou : pas une seconde elle ne doutait de sa sélection en première année des Beaux-arts dès la rentrée suivante. Sa meilleure amie répétait que les chances de se voir admis augmentaient significativement si l’on passait, au préalable, par une école préparatoire. Armée d’une confiance à revendre, Amandine savait qu’elle se présenterait directement au concours l’année du Baccalauréat. Il fallait amener un portfolio, elle amena un dessin. Elle misa tout sur un format raisin dans lequel elle avait mis tout son savoir faire et sa créativité prête à être exposée au grand jour. À l’image du tableau décrit dans la nouvelle d’Honoré de Balzac Le Chef-d’œuvre inconnu, il est possible que l’artiste voit dans son travail retouché à l’extrême une œuvre ultime, une beauté aussi terrible que sublime, alors que tout œil extérieur se heurte à un mur d’incompréhension. Jusqu’à présent Amandine n’avait lu de Balzac que La Peau de chagrin et était persuadée d’avoir peint une œuvre qui ne ferait pas un pli, méduserait les professeurs lors de l’épreuve d’admission. Elle présentait un autoportrait sans même penser à croiser les doigts pour que cette donnée saute au visage du jury. Le jour fatidique, face à l’œuvre unique, les juges affalés sur leurs sièges échangèrent des regards moqueurs. Amandine n’en revenait pas mais avait entendu dire que les décideurs étaient parfois blagueurs. Si le travail présenté était nul, ils disaient : « Ce que vous présentez n’entre pas dans le profil de nos attentes ». Si c’était bien, ils disaient : « C’est bien ». Si c’était prodigieux, ils pouvaient leur arriver de le cacher, juste pour rire. Quand le candidat marchait penaud jusqu’à la porte de sortie, après des échanges de clins d’œil que le condamné à l’exit ne voyait pas, un des membres du jury rappelait l’élève pour le féliciter de son talent plus que prometteur. Sur le chemin de la sortie, Amandine espérait un signe mais le jury n’ajouta pas un mot de plus.